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Les femmes qui font du sport ne sont pas toujours bien admises en société. On leur reproche souvent leur manque de féminité. En effet, on vit dans un monde encore gouverné par les clichés et le sexisme. « Seuls les hommes doivent faire du sport, notamment un sport violent comme le rugby ». Si dans d’autres aspects de la société, les inégalités homme-femme sont de moins en moins accrues, ce n’est pas encore le cas dans le monde du sport, comme le prouve d’ailleurs l’importance évidente qu’on accorde aux équipes de sport masculines par rapport aux équipes féminines, et ce dans n’importe quelle discipline.

Quand on parle de rugby, ces inégalités sont d’autant plus flagrantes. Comme ce sport est considéré comme violent et agressif, il est donc « logique » qu’il soit réservé aux hommes. Toutefois, force est de constater que beaucoup de femmes possèdent aussi une passion pour ce sport et comme on pouvait se l’imaginer, elles sont toutes victimes des remarques d’autrui du genre « ah bon, tu fais du rugby ? » ou encore « N’est-ce pas trop violent pour une femme ? ».

Une histoire de clichés…

Chacun possède une passion dans la vie, qu’il s’agisse de sport ou d’autre chose. Alors pourquoi  la société a-t-elle autant de mal à accepter que des femmes puissent aimer un sport aussi passionnant que le rugby ? D’ailleurs, il est très possible d’allier le rugby avec une activité très féminine comme le ballet. On s’attend toujours à ce qu’une fille qui pratique ce genre d’activité soit douce et gracieuse, mais si elle rajoute en plus qu’elle fait du rugby, les regards se figent instinctivement puisqu’une femme qui pratique un tel sport doit impérativement être très musclée et « garçon manqué ».

Certes, dans les vestiaires des filles, il n’est pas rare de les entendre se taquiner en se disant qu’elles ressemblent toutes à des mecs. Il peut aussi leur arriver de chanter des chansons avec des voix graves pour se motiver un peu, mais c’est surtout pour s’amuser. Le pire, c’est que lorsque ces femmes s’habillent différemment, en portant par exemple des robes, elles reçoivent toujours des remarques du genre « il y a une raison spéciale pour laquelle tu t’es habillée ainsi ? ». Bref, tout cela pour dire que les clichés sont présents dans notre société depuis longtemps et qu’ils ne sont pas prêts de s’arrêter.

Que dire alors sur la féminité ?

Le plus drôle, c’est que c’est la société elle-même qui a véhiculé ces clichés. En effet, la féminité, tout comme la virilité sont des termes qui étaient d’actualité durant les temps où on parlait encore de la domination masculine, ce qui veut dire il y a très longtemps. Aujourd’hui, on prône l’égalité des sexes et on pointe du doigt tous ceux qui émettent des propos sexistes, du moins en ce qui concerne les pays occidentaux.

Certes, on ne peut nier qu’il y a eu une grande évolution de ce côté depuis le temps, mais on n’en est pas encore là où on peut dire que l’égalité des sexes est acquise. On accorde plus d’importance aux femmes, comme le prouve leur insertion dans la vie professionnelle. Les femmes sont aussi de plus en plus nombreuses à faire de la politique.

Par contre, il ne faut pas confondre l’égalité et l’identité des sexes. Il y a des choses sur lesquelles on ne pourra jamais revendiquer l’égalité car sinon, les femmes perdraient leur identité. En effet, il ne faut pas oublier que les hommes et les femmes doivent se compléter. Il peut aussi être difficile pour les jeunes filles en voie de devenir des femmes de trouver leur place dans la société où tout semble encore assez confus. Ceci se reflète dans plusieurs domaines, et comme on peut le constater, dans le rugby également.

Le rugby féminin en plein essor

Le rugby féminin connaît un véritable essor depuis quelques années. Même s’il ne fait pas encore bien parler de lui, il est en plein développement. A l’heure actuelle, les Françaises licenciées sont au nombre de 19 000, ce qui signifie que depuis 2 004, la hausse était de 500%. On peut expliquer ce boom par de nombreux facteurs. Tout d’abord, depuis quelques années, on a assisté à une féminisation de ce sport. La Fédération a aussi investi des moyens importants dans le rugby féminin pour encourager les jeunes filles à s’initier à ce sport.

En considérant le nombre de licenciés masculins aujourd’hui qui est au nombre de 260 000, le nombre de licenciées semble encore insignifiant, mais sachez que le rugby perd de nombreux licenciés chaque année. Du coup, cette croissance constante du rugby féminin demeure assez extraordinaire.

De leur côté, les supporters semblent aussi accorder plus d’importance au rugby féminin. Ils sont à la fois emballés par le jeu et l’engagement physique des femmes, et ce, même en dépit du fait qu’aucune des joueuses françaises n’est professionnelle. Cela s’explique par le fait qu’elles font du rugby une passion et un passe-temps. En effet, certaines sont mères de famille et d’autres occupent un poste à temps plein quelque part, ce qui fait qu’elles ne s’impliquent entièrement que lors de la Coupe du monde.

Pourquoi le rugby plutôt qu’un autre sport ?

Beaucoup se demandent pourquoi pratiquer précisément du rugby si on veut faire du sport, quand bien même il est possible de choisir un sport moins « excessif » comme le foot, et bien les réponses des joueuses sont simples et directes. Certaines évoquent clairement que le foot est trop évident, et donc un peu ennuyeux. « Nous on veut un sport qui nous fasse vibrer, qui présente un véritable intérêt ».

De plus, la plupart des joueuses sont d’accord sur un point, c’est qu’il est plus simple de collaborer avec des rugbymen qu’avec des footballeurs, d’où il est plus facile d’instaurer un climat de confiance. Au final, le rugby et la féminité vont donc bien de pair, mais tout dépend de la façon de voir les choses.